Le temps en confinement

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Le temps est il le même en confinement? Il semble flotter dans l air l’idée que nous en avons gagné pas mal depuis le 16 mars et qu'il serait judicieux de bien savoir l'utiliser. Ne le gaspillons pas nous susurrent à l'oreille tous les conseils vus dans les médias.

BIEN OCCUPER SON TEMPS


Ce n'est pas le cas pour tous. Certains se retrouvent avec plus de boulot et de pression qu'avant mais il est vrai que nombreux sont ceux avec un agenda bien moins rempli qu'avant, beaucoup n'ont plus de temps de transport , pas mal d'entre nous ont moins de travail (un salarié sur deux du privé en chômage partiel).


Et le choix est là pour occuper efficacement toutes ces heures en rab : méditation, yoga, visites culturelles, nouvelles séries netflix, lecture en tout genre et, côté travail :  formations diverses, réflexions sur la carrière, définitions de stratégies de développement...


De mon côté, j'ai comme l'impression qu'il faudrait que je remplisse mes nouvelles journées avec de la qualité et que j'en profite pour faire tout ce que je n'ai jamais le temps de faire.


Sans attendre les propositions et les conseils en tout genre présents sur la toile, je me suis mis la pression en mode :

Et ces albums photos qui ont 14 années de retard ?

Et ce tri de vêtements à donner/ recycler / vendre ?

 Et pour ton business, que peux-tu proposer de nouveau ?


Il faudrait occuper ce temps “libre” pour en tirer le maximum. Pourtant nous ne sommes pas tous égaux vis à vis de ce rab de temps.

Il y a différents paramètres : en fonction de notre charge de travail , de notre vie en solo ou avec d'autres adultes , si nous avons oui ou non des enfants, de leur degré d'autonomie,  de notre état d esprit face à la situation, de l état de santé de nos proches , de nos conditions de vie : tout cela rend notre perception du temps très différente d'une personne a l autre.


Rien ne sert donc de se comparer à un idéal relativement rare qui serait une personne qui n’a plus de job mais qui se sent bien avec ça et qui profite de ce temps libre pour faire dès tonnes de choses avec efficacité.


La culpabilité n est pas loin : je devrais avoir fait ça ou ça me dis-je... Bientôt ce sera terminé. J'entends chez d'autres :

Je devrais être en train de passer un MBA.

Je devrais avoir tout rangé pièce par pièce dans mon appart.


J ai écrit récemment sur l'organisation et la nécessité de réinventer un cadre mais je me suis rendue compte que la tentation était grande de chercher à optimiser ce temps comme au bon vieux temps d'avant le covid.

TEMPS PRÉSENT, TEMPS FUTUR

Efficacité.

Optimisation.

Des mots d'un autre temps ? Le reflet d'une logique économique versus humaine. Du quantitatif versus qualitatif ?

Et pourtant aujourd’hui au cœur de ce black out , même pour les personnes plutôt orientées bien-être il ne semble pas possible de ne pas profiter de ce temps pour faire de la pleine conscience, de la cuisine, du sport... Il y a une injonction à remplir sa vie de qualitatif qui part de la même approche que celle d'optimiser son rendement au travail.

Être au top, maximiser ce temps

Je réalise ces derniers jours la violence de cette demande même si je ne me l'impose pas totalement, je la fantasme. Un temps hors du temps qui me permettrait de faire tout ce que je ne fais jamais.

Comme un temps offert , bonus. Celui après lequel on court le reste du temps. Celui que l'on n a jamais sinon dans la vie courante.

Celui qui file et qui est notre excuse universelle comme un étendard : Je n ai pas eu le temps !

"Je n ai pas pris le temps" rectifie le coach de son petit air de premier de la classe en développement personnel.

Le truc c'est que ce temps que je ne "prends" pas le reste du temps, que j'en ai ou non, c'est aussi parce que je n'en ai vraiment pas envie, cela m'ennuie rien que d'y penser de faire ces corvées.

J'ai donc essayer de me fixer des objectifs motivants et atteignables.

La base des objectifs SMART. Spécifique. Mesurables. Atteignables. Réalistes. Timé.

Car si je me fixe des objectifs beaucoup trop optimistes, qui ne tiennent pas compte de la réalité comme par exemple faire tous mes albums photos depuis plus d'une décennie, je suis quasi certaine d'échouer et donc de me culpabiliser inutilement.

Pour se fixer des objectifs atteignables il faut aussi tenir compte de son temps. Et aujourd'hui, j'ai potentiellement plus de temps mais réparti différemment et mon énergie n'est pas la même après une journée de boulot ou après mes journées actuelles à gérer les enfants et à jongler avec un peu de coaching, un peu d'articles par ci , une newsletter par là.

J'écris un article de manière beaucoup plus entrecoupée qu'avant par exemple.

Bref ce temps d'aujourd'hui qui ne sera pas le temps de demain ne doit pas pour moi être rempli avec les mêmes injonctions de toujours, rempli jusqu'à ras bord, optimisé.

Ce temps ressenti différemment est l'occasion de m'interroger sur mon rapport et ma gestion du temps, d'identifier mes priorités, de me demander si elles sont cohérentes avec mes besoins du moment. Et de laisser tomber l'idéal inatteignable d'une "bonne" manière d'occuper ce temps de confinement.

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Et vous, comment ressentez-vous ce temps de confinement ?

Avez-vous le regret d'en manquer ? Vous reprochez-vous de ne pas savoir l'utiliser efficacement ?

Aimez-vous votre nouveau rapport au temps ?

Vous reprendrez bien un petit Devos avant de courir après le temps qui passe ?

https://www.youtube.com/watch?v=huU_n2_OreA