Arrêter de se mettre la pression pour se développer

La pression dans le monde du travail nous est familière mais elle peut aussi se ressentir sur nos soft skills ou nos activités de développement personnel. Comment faire quand la charge mentale s'invite aussi sur nos centres d'intérêt ? Où poser les limites pour ne pas se sentir en permanence avec la désagréable impression de ne pas avoir fini ses devoirs ?

Nous nous retrouvons aujourd'hui avec une multitude d'outils digitaux à notre disposition censés nous simplifier la vie ou nous la rendre plus belle.

Internet et les réseaux sociaux nous font entrevoir l'immensité de nos possibilités d'épanouissement, de divertissement, de développement personnel.

Et, il me semble, qu'en réaction avec cette infini possible, une sorte de culpabilité et de perte de repères se mettent en place.

Un peu comme, lorsqu'il y a quelques années, cherchant une autre voie professionnelle et imaginant que je pouvais faire n'importe quel job , je me sentais paumée et ne savais pas par où commencer pour chercher.

D'où vient donc cette pression excessive pour s’améliorer et se former en permanence ? Pour moi, il y a plusieurs éléments à l'origine :

  • l’idée qu'il faut se développer infiniment

  • la peur de manquer

  • le perfectionnisme

FAUT-IL ÊTRE EN AMÉLIORATION CONTINUE ?

La démarche de développement personnel peut nous faire imaginer qu'il nous revient le devoir et l'honneur de "travailler" sur nous en permanence. Jusqu'à la mort en quelque sorte.

Je crois pourtant percevoir une incohérence, non explicite, dans le discours, avec un sous-entendu qui indiquerait qu'un jour, à force de formation, de thérapies, de médecines parallèles, nous serons arrivés au bout de nos peines, nous aurons franchi toutes les étapes et que, de petit padawan nous devrions Jedi, voire Yoda lui-même.

La percevez-vous également ?

Dans le monde du coaching, nous cumulons les formations comme d'autres les galons sur l'uniforme.

Un coach qu'on croise dans une Conférence sur la créativité : “Ah oui je suis en 3ème année de Gestalt, là je commence une formation à la pratique systémique et je me renseigne sur la Process Com. T'es formée en Analyse transactionnelle, toi ? “

Je peux aisément me moquer : je viens de terminer une formation d'un an. C'est la 3ème formation longue depuis ma formation initiale en coaching en 2010. Je suis certifiée sur 2 outils de personnalité et j'ai un travail thérapeutique, parallèle et complémentaire à ma supervision, quasi continu depuis 10 ans . :)

En l’occurrence, on nous le répète assez, en tant que Coachs nous sommes notre propre outil de travail et nous nous devons d'avoir suffisamment de recul sur nous-mêmes si nous voulons prétendre accompagner d'autres. Donc toutes ces démarches peuvent sembler normales voire indispensables.

Oui mais.

Oui mais, j'ai lu dans le magazine FLOW (un magazine de développement personnel, no comment) le psychologue danois Svend Brinkmann (retenez-le pour votre prochain goûter, ie le nouveau dîner du couvre-feu) :

“Nous vivons dans une culture du développement personnel qui ne connaît plus de limites.

Quand peut-on cesser de mettre la barre plus haut ?

Ce n’est pas le développement de soi lui-même qui nous donne cette impression de surmenage, mais plutôt son caractère indispensable, constant.”

Cela donne cette impression que nous ne sommes jamais assez, jamais suffisamment zen/à l’écoute de ses émotions/ en pleine conscience/ créatif/ équilibré/ etc. qui va à l’encontre du “I am enough” si réconfortant de Brené Brown.

Pour moi, un des moyens de répondre à cette injonction est de me poser cette question avant de démarrer un nouvel apprentissage ou une nouvelle démarche : en ai-je envie ou cela répond t-il à une peur, à un “il faut”? Dans le 2ème cas, je sais qu’il me reste à dire non.

LA PEUR DE MANQUER

En parlant de savoir dire non, on parle beaucoup désormais du FOMO (Fear Of Missing Out) soit la peur de rater quelque chose, de manquer une occasion importante.

Devant l’immensité des savoirs évoqués plus haut, il est indispensable pour ne pas devenir fou, de choisir et de refuser ou de remettre à plus tard certaines choses.

En tant qu’entrepreneure, il nous revient de nous former à ce qui nous semble nécessaire et pertinent pour notre entreprise, mais je me suis personnellement souvent retrouvée à m’inscrire à plusieurs formations en ligne quasi concomitantes et à terminer avec un sentiment d’échec car je n’avais pas réussi à aller jusqu’au bout.

Or je me suis mise seule dans une situation où, par peur de passer à côté d’une super opportunité de développement, j’étais débordée et dans l’incapacité de tout suivre.

A l’image, si cela vous parle, des piles de livres qui s’accumulent et que vous DEVEZ lire mais vous êtes en retard. Non, vous n’êtes pas en retard, c’est juste que vous en avez acheté plus que votre capacité de lecture du moment ! :) J’ai appris récemment que les japonais avait un mot pour cette drôle d’habitude : le tsundoku.

Les réseaux sociaux, là encore, tirent sur la corde de notre FOMO en nous incitant à croire que d’autres, eux, les bons élèves, font des choses exceptionnelles.

C’est la course à celui qui exposera son nouveau diplôme, son dernier séminaire d’équipe, la dernière innovation à laquelle il a participé ou dans la vie perso : la nouvelle activité artistique, les cookies sans gluten ou encore sa méditation matinale… #petagedeplomb.

Forcément, on a l’impression d’avoir loupé une étape et on y va de notre petite voix intérieure hype jugeante.

Là encore, il m’est souvent nécessaire de prendre une grande respiration, un temps de pause pour prendre conscience de ce mécanisme contre-productif et relativiser l’enjeu : je ne joue pas ma vie si je décale mon apprentissage à plus tard ou si je ne le fais qu’à moitié.

LE PERFECTIONNISME

Je suis perfectionniste et je me soigne.

La perfectionniste en moi ne veut pas qu’on lance quoi que ce soit sans s’assurer au préalable qu’il soit aussi parfait que possible. Elle ne veut pas essayer une nouvelle activité sans être experte dans ce domaine.

Mon grand truc est donc de me former, de passer du temps sur les idées, la théorie car ainsi je ne me mets pas en danger, je ne risque pas d’être jugée sur un résultat qui ne serait pas à la hauteur de mes ambitions pour la bonne raison que je reste en phase amont.

Comme je me soigne, j’ai réussi à passer à l’action avec des produits largement perfectibles comme mon podcast l’année dernière mais cela me demande de prendre beaucoup sur moi :)

En 7 années à mon compte, j’ai compris que j’apprenais beaucoup plus en me lançant dans le grand bain et en faisant quelques erreurs, je le sais ,mais la tentation est toujours grande de rester à peaufiner un texte, à continuer un apprentissage plutôt que d’agir.

Essayons de ne pas sombrer dans l’insatisfaction permanente en se jugeant à l’aune de personnes qui font une activité tous les jours et qui communiquent sur leurs meilleurs résultats. (cf mon article sur la comparaison).

Regardons le chemin parcouru dans une activité, un domaine. Autorisons-nous à apprendre aussi par l’action, et en faisant des erreurs. Lâchons-nous la pression pour être toujours au top même pour la bonne cause. Arrêtons de nous culpabiliser pour des objectifs impossibles à atteindre. (ex: lire 3 livres de développement personnel alors qu’on a du mal à trouver 1 minute pour soi,…).

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Et vous, arrivez-vous à ne pas ressentir une pression supplémentaire à vous développer toujours plus ?

Quels sont vos astuces pour ne pas tomber dans le surmenage de développement personnel ?